Couleur et Végétation : flōs, flāuus
5. Vers l’indo-européen
5.1. Suffixe * wo-
Pour expliquer lat. flāvus ou v.-h.-a. blao, on pose habituellement un suffixe * wo- qui s’ajoute au degré zéro (lat. flāvus) ou au degré e (germ. *blē-wo-). Ce flottement, inattendu dans un mot thématique, a conduit Schrijver (1991, 298) à poser un ancien thème en * u-.
5.2. *H3 > *Hw ?
Une autre explication est possible, celle d’A. Martinet (1954, 219-230), qui voit dans *H3 (Aw, dans sa notation) la labio-vélaire correspondant à *H2. Les deux traits distinctifs du phonème *H3 peuvent, devant voyelle, se réaliser en deux phonèmes distincts, soit H + w. On a :
a) Devant consonne : allongement et coloration labiale de *e, en grec et en latin (octō, ὀκτώ)1), soit *bhlō ro et *ghlō ro . On explique ainsi flōrus et χλωρός.
b) Devant voyelle : allongement, coloration a et développement d’un glide labial en latin (octāvus), soit : *bhlāw o et *ghlāw o ; coloration labiale sans allongement, et développement d’un glide labial en grec (ὄγδo(ϝ)oς), soit *ghlow-ā. On explique ainsi flāvus en face de flōrus et χλόη en face de χλωρός2).
Cette explication a le mérite de partir de matrices dérivationnelles connues, sans recourir à des suffixes dont le rôle n’apparaît pas clairement.3).
Les formes germaniques pourraient venir d’une « racine » *Hbhel- signifiant « croître, augmenter » (Dieu 2008, 264)4).