Ceci est une ancienne révision du document !
anfractus, -ūs, m.
4.1. Description des emplois et de leur évolution : résumé
Lire l'exposé détaillé ou Retour au plan du § 4
Retour au § 3 ou Retour au plan général de l'article ou Aller au § 5
A. "Mouvement tournant" (sens premier)
Le sème /mouvement/ est fondamental dans le sens premier d’anfractus.
A.1. "Courbe, trajectoire (du soleil)"
- Lucr. 5, 682-4 :
aut quia sol idem sub terras atque superne
imparibus currens amfractibus aetheris oras
partit et in partis non aequas diuidit orbem.
« C’est peut-être que le même soleil, en parcourant les régions de l’éther, décrit au-dessus et au-dessous de la terre des courbes de grandeurs différentes, et partage ainsi son orbite en arcs inégaux. »
- Cic. Rep. 6, 12 : cum aetas tua septenos octiens solis anfractus reditusque conuerterit.
« Quand ta vie aura achevé le cycle de huit fois sept allées et venues du soleil sur sa courbe. »
- Macr. Somn. 1, 6, 83 : nam per septenos octies solis anfractus reditusque quinquaginta et sex significat annos, anfractum solis et reditum annum uocans : anfractum propter zodiaci ambitum, reditum quia eadem signa per annos singulos certa lege metitur.
« par ‘huit fois sept allées et retours du soleil sur sa courbe’, il entend 56 années, appelant une année ‘allée et retour du soleil sur sa courbe’ ; ‘allée sur sa courbe’ parce qu’il fait le tour entier du zodiaque, ‘retour’ parce que, d’année en année, le soleil parcourt les mêmes constellations selon un rythme réglé. » trad à vérifier
A.2. "Volte (d'un cheval)"
- Val. Flacc. 6, 239-240 :
orbibus hos rapidis mollique per aequora Castor
anfractu leuioris equi deludit anhelos.
« Voltes rapides dans la plaine, souples détours d’un cheval plus léger, Castor se joue ainsi de leur essoufflement. » 1)
B. "Courbes ou sinuosités"
L’emploi “statique” d’anfractus est secondaire — tout comme, en français, nous continuons à parler du cours d’un fleuve pour désigner son tracé.
B.1. D'un objet tangible
B.1.1. De réalités topograhiques
- Caes. Gall. 7, 46, 1 : oppidi murus ab planitie atque initio ascensus recta regione, si nullus anfractus intercederet, MCC passus aberat.
« La distance entre le mur de la ville et la plaine, depuis l’endroit où commençait la montée, était, en ligne droite sans aucun détour, de douze cents pas. »
- Nep. Eum. 8, 5 : illa autem, qua omnes commeabant, altero tanto longiorem habebat anfractum.
« L’autre au contraire, que tous prenaient, était de longueur double à cause du détour qu’elle formait. »
- Lucan. 1, 605-606 : dumque illi effusam longis anfractibus urbem/circumeunt.
« Tandis qu’ils font le tour de la ville étendue en de longs circuits. »
- Lucan. 5, 416 : nec maris anfractus lustrandaque litora nobis.
« Nous n’avons pas à parcourir les anfractuosités de la mer et les rivages. »
- Manil. 2, 361-363 :
nam, cum praeteriens formatur singula limes
sidera et alterno deuertitur angulus astro
sexque per anfractus curuatur uirgula in orbem.
« Infatti, questa linea si forma passando oltre alternativamente ad un segno e piega ad angolo nel segno seguente venendo a compiere sei curvature in tutto il circolo zodiacale. » 2)
- Val. Flac. 2, 451-452 : Alcides Telamonque comes dum litora blando
anfractu sinuosa legunt.
« Alcide et Télamon parcouraient de concert la côte sinueuse et sa baie séduisante. »
Anfractus est le terminus technicus de la voirie pour le « tournant », le « virage » (κάμψις ὁδοῦ dans les gloses) :
- Gaius Dig. 8, 3, 8 : uiae latitudo ex lege XII Tabularum in porrectum octo pedes habet, in anfractum, id est ubi flexum est, sedecim.
« La largeur d’une route, d’après la loi des XII Tables, est de 8 pieds en ligne droite, mais in anfractum, c’est-à-dire là où il y a un virage, de 16. »
- Varr. L.L. 7, 15 : leges iubent in directo pedum VIII esse uiam, in anfracto XVI, id est in flexu.
« Les lois exigent qu’une route ait 8 pieds de large en ligne droite, mais 16 in anfracto, c’est-à-dire dans un virage. »
Combinaison privilégiée per anfractus, attestée à toutes les époques:
- Liu. 38, 7, 3: quacumque se classis circumegerat per litorum anfractus.
« Partout où la flotte s’était engagée, serpentant en suivant les sinuosités de la côte. »
- Liu. 29, 32, 4: Masinissa… per anfractus montis ignotos se eripuit.
« M. s’échappa en empruntant des gorges insoupçonnées de la montagne. »
- Liu. 38, 23, 6: per omnes anfractus montium fugaque et caedes fuit.
« Ils furent poursuivis et massacrés dans les moindres recoins de la montagne. »
- Liu. 38, 45, 8: per omnes anfractus uiarum.
« En suivant les routes dans leurs moindres détours. »
- Sen. Quaest. 3, 5, 1: per multiplices terrarum anfractus.
« En parcourant les innombrables anfractuosités de la terre. »
- Petr. 8, 3: per anfractus deinde obscurissimos egressus.
« Puis, s’enfonçant à travers des ruelles obscures et tortueuses. »
Anfractus se combine de manière privilégiée avec curuus, épithète de nature, au contenu redondant par rapport à celui du nom:
- Verg. Aen. 11, 522: curuo anfractu ualles.
« une vallée qui forme un coude. »
- Val. Flacc. 4, 724-5 : atque hac Europam curuis anfractibus urget, / hac Asiam, Scythicum specie sinuatus in arcum.
« (le Pont) d’un côté presse l’Europe aux côtes sinueuses, de l’autre l’Asie, à la forme recourbée comme l’arc des Scythes. »
B.1.2. Replis d'un serpent
- Val. Flacc. 7, 523 : protinus immensis recubantem anfractibus anguem/turbat.
« Elle va déranger aussitôt le reptile dont reposaient les immenses anneaux. »
- Stat. Theb. 5, 520-521 : saeuior anfractu laterum sinuosa retorquens/terga solo.
« Plus terrible encore, il replie ses flancs et tord son dos sinueux sur le sol. »
B.2. D'un objet non tangible
B.2.1. En rhétorique, traduction de periodos
B.2.2. Détails, détours d'une parole ou d'un discours
Au figuré, chez saint Augustin:
- Aug. Jul. 1, 34 CSEL p. 25 : nec diu per disputationum anfractus errabitur.
« Et il n’errera pas longtemps à travers les méandres des discussions. »
- Aug. Conf. 12, 27: per longiores loquellarum anfractus.
« À travers les trop longues sinuosités des plaintes. »
La préposition per s’applique ici à un parcours accompli de bout en bout : per anfractus, « en parcourant complètement les sinuosités ».
En combinaison avec le parasynonyme circumitio:
• pour signifier « contour, pourtour » :
- Cic. Part. 21 : (coniunctio uerborum) quae neque asperos habeat concursus, neque disiunctos atque hiantis, et sit circumscripta non longo anfractu sed ad spiritum uocis apto.
« (assemblage de mots) qui n’offrira pas d’aspérités, de trous ou d’hiatus ; qui formera une période bien arrondie, non pas trop longue dans son contour, mais en rapport avec la puissance du souffle. »
• au figuré, avec le sens de « détours, biais »:
- Cic. Diu. 2, 127 : iam uero quid opus est circumitione et anfractu, ut sit utendum interpretibus somniorum ?
« D’ailleurs pourquoi faut-il des biais et des détours tels qu’il est nécessaire de recourir à des interprètes des songes ? » 3)
Au figuré, chez les chrétiens:
- Ambr. Psalm. 1, 43, 3 : ipse dominus direxit opera sua, ut nullo erroris curuarentur anfractu.
« Le seigneur lui-même a conçues ses œuvres droites, de façon qu’elles ne soient pas gauchies par les errements sinueux de l’erreur. »
B.2.3. "Plis" d'une année
- Cic. Leg. 2, 19 : feriis iurgia amouento, easque in famulis operibus patratis habento, itaque, ut rite cadant in annuis anfractibus, descriptum esto.
« Pendant les fêtes, qu’on éloigne les disputes ; qu’on les célèbre, pour les travaux achevés, au milieu des serviteurs et, afin qu’elles tombent normalement dans les plis de l’année, que cela soit disposé par écrit. »
Lire l'exposé détaillé ou Retour au plan du § 4
Retour au § 3 ou Retour au plan général de l'article ou Aller au § 5